Le Monde - Francia
Liste noire européenne des paradis fiscaux : quinze juridictions mises à l’index
Mort du chef d’orchestre et compositeur allemand Michael Gielen
Duel dans le désert (de sel)
L’égalité des chances entre femmes et hommes progresse dans le monde, mais pas partout
« Quatre mécanismes peuvent conduire à une crise grave et globale » de l’économie mondiale
France-Italie : les contradictions de Luigi Di Maio
Venezuela : qui soutient Juan Guaido ? qui soutient Nicolas Maduro ?
Dani Rodrik : « L’anxiété née de la globalisation nourrit le populisme »
Le projet de loi « anticasseurs » d’Edouard Philippe est-il juridiquement tenable ?
Sommet du G20 : l’impossible communiqué final ?
Sommet de l’APEC : périlleuse confrontation entre la Chine et les Etats-Unis
Yémen : efforts diplomatiques en faveur de négociations
Bourse : quand les stars de la cote trébuchent
11-Novembre : des célébrations à Paris pour relancer le multilatéralisme
Budget italien : les dix-huit autres pays de la zone euro font bloc derrière la Commission
Après le rejet du budget transalpin pour 2019 par la Commission européenne, la première confrontation entre Giovanni Tria, le ministre des finances italien, et ses dix-huit homologues de l’eurozone a eu lieu, lundi 5 novembre. Ni déclarations tonitruantes ni chaussures made in Italy écrasant les piles de dossiers de Pierre Moscovici, comme cela avait été le cas quand le commissaire à l’économie avait rendu publique sa demande d’un budget révisé fin octobre. Ce n’est pas le genre de l’Eurogroupe, un club informel à l’ambiance le plus souvent très feutrée.
Surtout, à plus de six mois du scrutin des élections européennes, aucun des dix-huit ministres présents ne souhaitait rajouter de l’huile sur le feu face à un gouvernement populiste (les antisystèmes du Mouvement 5 étoiles et l’extrême droite de la Ligue) qui cherche ouvertement la confrontation avec Bruxelles. Tous préfèrent, pour l’instant, laisser la Commission en première ligne.
Pour autant, ils ont approuvé sans ambiguïté la ligne ferme de l’institution et ont réclamé que Rome revoie sa copie. « Nous espérons que l’Italie va travailler en étroite collaboration avec la Commission dans la préparation d’un budget révisé en ligne avec le pacte de stabilité et de croissance », précise une déclaration commune publiée lundi soir.
Un premier rendez-vous, le 8 novembre
S’il est resté lui aussi très urbain, M. Tria a défendu la ligne gouvernementale. Il a certes assuré, en réunion, qu’il ne contestait pas les règles du pacte de stabilité et de croissance, mais a expliqué que la déviation du budget italien était « nécessaire ». Cet homme est considéré comme un modéré par ses pairs, mais tous ont compris, ces dernières semaines, que sa voix pesait peu au sein du gouvernement de Giuseppe Conte. Ne plaidait-il pas, en septembre, pour un déficit 2019 limité à 1,6 % du produit intérieur brut (PIB) italien, alors qu’il devrait atteindre 2,4 %, trois fois plus que les engagements pris par Rome en juillet ?
Le feuilleton de l’épreuve de force entre Bruxelles et Rome promet en tout cas de durer. Luigi Di Maio, le leader du Mouvement 5 étoiles a prévenu, dès lundi matin, dans un entretien accordé au Financial Times que le budget 2019 (et surtout son déficit) « ne va pas changer ».
Un premier rendez-vous, le 8 novembre, pourrait donner de nouveaux arguments à la Commission. Ce jour-là, elle publiera ses « prévisions économiques d’automne », avec, pour tous les pays de la zone euro, les perspectives de croissance et de déficits pour 2019, 2020 et 2021. Si les chiffres de l’institution confirment un ralentissement économique en Italie, ils invalideront l’hypothèse d’une croissance de 1,5 % du PIB, sur laquelle le gouvernement Conte a fondé son budget prévisionnel.
Risque politique
Une fois passée la date butoir du 13 novembre pour envoyer le budget révisé, la Commission n’aura pas d’autre choix que de recommander l’ouverture d’une procédure « pour dette excessive », impliquant une surveillance très rapprochée du pays, avec des objectifs de réduction de la dette contraignants, et des sanctions à la clé en cas de non-respect. Là encore, il s’agirait d’un précédent : aucune procédure de ce genre n’a encore été engagée à l’égard d’un membre de la zone euro.
L’institution recommandera t-elle cette procédure aux Etats membres dès le 21 novembre, date à laquelle elle devrait publier ses « opinions » définitives sur les budgets 2019 de tous les pays de l’Eurozone ? Ou se contentera-t-elle d’alerter, dans un rapport, sur le caractère excessif de la dette italienne, repoussant sa « recommandation » de quelques jours ou semaines ?
La Commission est en tout cas consciente du risque politique qu’elle prend, face à un gouvernement très populaire défendant un « budget du peuple ». Elle espère donc prêter le moins possible le flanc à la critique, en suivant scrupuleusement les procédures. « Nous ne voulons pas brûler les étapes et sauter aux conclusions, a précisé M. Moscovici, lundi soir. Mon état d’esprit n’est ni la punition ni les sanctions.