Après des «attaques sans précédent», la France rappelle son ambassadeur en Italie
La France rappelle son ambassadeur en Italie pour « des consultations ». Cette décision intervient après une série de « déclarations outrancières » et « d’attaques sans fondement » et sans « précédent » de responsables italiens, estime ce jeudi le ministère des Affaires étrangères.
« Les dernières ingérences constituent une provocation supplémentaire et inacceptable », déclare la porte-parole du Quai d’Orsay, le siège du ministère, dans un communiqué virulent. Ces attaques « violent le respect que se doivent entre eux les gouvernements démocratiquement et librement élus ».
« Cela n’a pas de précédent depuis la fin de la guerre (1939-1945). Avoir des désaccords est une chose, instrumentaliser la relation à des fins électorales en est une autre », ajoute-t-il. « La campagne pour les élections européennes ne saurait justifier le manque de respect de chaque peuple ou de sa démocratie. »
Soutien aux Gilets jaunes
Le communiqué rappelle aussi que la France est « profondément attachée » à l’amitié entre les deux pays. « La France et l’Italie sont unies par une histoire commune ; elles partagent un destin. Elles ont ensemble construit l’Europe et œuvré pour la paix », est-il écrit. « La France appelle l’Italie à agir pour retrouver la relation d’amitié et de respect réciproque, à la hauteur de notre Histoire et de notre destin commun ».
Ces derniers temps, le gouvernement italien a manifesté son soutien au mouvement des Gilets jaunes, qui conteste la politique du président français, Emmanuel Macron. Le vice-Premier ministre italien, Luigi Di Maio, issu du Mouvement populiste 5 Etoiles, a rencontré plusieurs Gilets jaunes, mardi. Sur les réseaux sociaux, il a notamment écrit que « le vent du changement a franchi les Alpes. Je répète : le vent du changement a franchi les Alpes ». Cette rencontre a été qualifiée de « provocation pas acceptable » par le Quai d’Orsay.
De plus, en janvier, Di Maio a déjà causé quelques remous. Il a proposé un soutien technique aux Gilets jaunes en leur offrant l’aide de la plate-forme numérique de son parti. L’autre vice-Premier ministre, Matteo Salvini, patron de la Ligue et homme fort du gouvernement, a dit espérer que le peuple français se libère bientôt d’un « très mauvais président », des propos totalement inédits entre responsables de pays fondateurs de l’Union européenne. Salvini tente d’organiser un front européen de l’extrême droite contre les pro-européens incarnés notamment par le chef de l’Etat français en vue du scrutin du 26 mai.
« Colonisation » et question migratoire
En janvier également, Luigi Di Maio a accusé la France de « coloniser » l’Afrique avec le franc CFA. Cette monnaie indexée sur l’euro est en circulation dans une quinzaine de pays africains dont plusieurs anciennes colonies françaises. Il a accusé le France, en imprimant cette monnaie, de nuire au développement local et de contribuer « aux départs des migrants, qui vont ensuite mourir dans la Méditerranée ou débarquer sur nos côtes ».
Certains estiment que les racines de la querelle franco-italienne remontent à l’intervention française en Libye, en 2011. Dans cette ancienne colonie italienne, la France a participé au renversement du régime de feu le colonel Kadhafi. La déstabilisation du pays a engendré des flux migratoires, notamment à destination de l’Italie.